Accueil A la une Importation du lait en poudre : Est-ce un début de solution ?

Importation du lait en poudre : Est-ce un début de solution ?

 

Poudre de lait et  beurre seront moins taxés  d’après le dernier communiqué paru. Mais cela aura-t-il des répercussions sur les prix de ces deux produits ou  serait-ce une occasion que les grands pontes du secteur saisiront pour s’enrichir davantage ?

C’est la question que l’on se pose avec le renchérissement des dérivés du lait qui sont devenus de véritables produits de luxe. De toutes les façons, difficile d’accès aux bourses de ceux qui sont dans l’obligation d’en acheter au moins une demi-douzaine pour satisfaire leurs familles. Mais pourquoi ce brusque intérêt pour cette poudre de lait qui est certes toujours utilisée, mais à des quantités infimes par rapport à ce qui se passait avant que la Tunisie ne mette en place une politique bien étudiée pour atteindre l’autosuffisance ? On s’en sert pour la cuisine, en pâtisserie, pour  faire dorer une viande, rattraper une mayonnaise, adoucir une boisson chaude.

Malheureusement, cette autosuffisance a été mise à mal ces dernières années sous l’emprise de gros producteurs du secteur pour déséquilibrer les petits producteurs qui ont fini par abandonner et pour un bon nombre d’entre eux vendre leurs vaches et faire autre chose. Renchérissement des fourrages, pression des centres de collecte, hausse du prix du carburant, des intrants et surtout la pression subie par ceux qui tirent la couverture à eux.

Filière laitière en crise

Il faudrait quand même faire une précision : car, on a tendance à tout politiser et monter en épingle une situation importante pour le commun des citoyens et dire que le lait manque en raison du peu d’efforts consentis pour en produire ou en importer. Et c’est l’affolement général, alors que nous ne sommes pas les seuls à vivre cette pénurie. L’Algérie, le Maroc, et bien d’autres pays africains et même européens sont dans le même cas. Mais pour des raisons différentes. Le lait produit par exemple chez nos frères algériens est à majorité à base de poudre de lait. Le marché international, en raison des problèmes découlant de la guerre russo-ukrainienne, est en pleine perturbation. Chez nous, c’est toute la filière qui est en crise et comme nous ne pouvons pas payer rubis sur l’ongle, il nous est difficile de combler le déficit en important (cela coûte plus cher que le lait local !) ce dont nous avons besoin. La réduction des taxes annonce-t-elle le retour à des importations  de lait en poudre à régénérer, pour satisfaire le marché ?

Comment contrer la spéculation?

C’est regrettable que nous en soyons là, après les efforts fournis pour amener ce secteur du lait à un niveau enviable, mais la poudre de lait est un début de solution que nous souhaitons être provisoire. Le temps d’arriver à la période de haute lactation et surtout décider en toute connaissance de cause la reprise en main de ce secteur laitier qui a fini par nous filer entre les doigts.

D’ailleurs, pour retirer bon nombre d’atouts des mains des spéculateurs, il serait positif de remettre sur le marché du lait en poudre. Cela pourrait aider à traverser cette période creuse, tout en tirant le tapis sous les pieds de ceux qui continuent à spéculer de différentes manières.

L’importation serait donc un début de solution, mais à  la condition formelle de la confier  à un organisme qui est en mesure de demander des comptes et de mettre de l’ordre dans un milieu où tous les coups sont permis, aux dépens des intérêts du consommateur. Ceux qui seraient capables d’en faire un levier pour alourdir  la charge du consommateur et trouver matière à spéculation sont à écarter d’emblée. Quant à la poudre de lait, elle est aussi  nutritive que le lait frais, nous a précisé un ancien cadre de la Société tunisienne de l’industrie laitière qui, en mai 1961, a été la première à utiliser aux côtés du lait frais : « Elle  est riche en nutriments nécessaires à la croissance.  Elle contient  des   protéines, du calcium, de la vitamine A et D, etc.»                           

Des précautions à prendre

«Les enfants de moins de deux ans ne devraient pas boire du lait totalement écrémé ou du lait fait à partir de poudre de lait écrémé, car il ne contient pas assez de matières grasses pour une croissance saine», a-t-il fait remarquer. C’est dire que les producteurs qui, sans vergogne, ont mis sur le marché du lait à zéro pour cent de matières grasses pour gagner plus et que bien des familles ont fait boire à leurs enfants, ont bien des choses à se faire reprocher.  «On peut certes “engraisser“ un lait en poudre,  mais cela dépend de quel genre de graisses il s’agit. Des pays sud-sahariens le font en ajoutant de l’huile de palme qui ne coûte pas cher, mais qui est néfaste pour la santé. Les enfants âgés de 9 à 24 mois doivent recevoir du lait homogénéisé (3,25 % de matières grasses)». Il n’en demeure pas moins que le fait de mettre sur le marché, pour une période transitoire,  du lait en poudre est de nature à alléger les effets de la pénurie. Les adultes, les pâtissiers, les cafetiers, les grands ensembles, les hôteliers, etc. pourront se tourner vers ce produit qui, d’ailleurs, se conserve mieux et plus longtemps.

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Un commentaire

  1. Niels Petersen

    29 décembre 2022 à 21:42

    Le lait en poudre est moins bon et moins nutritif, de plus, un trafic risque de s’organiser autour de ce produit.

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